You are currently viewing Il est des mots rares dans un texte et pourtant tellement puissants ! Śraddhā

Il est des mots rares dans un texte et pourtant tellement puissants ! Śraddhā

Ce mot n’apparaît qu’une fois parmi les 195 sûtra de Patañjali et pourtant ! Śraddhā, c’est la confiance, la foi. La confiance, sans doute, tout d’abord. Celle du petit enfant livré entièrement à l’amour de ses parents. La confiance est ce sentiment qui devrait, en suffisance, accompagner les différentes étapes de notre vie. La confiance dans la grandeur de l’amour des parents, quand la fratrie s’agrandit, l’amitié forte des camarades d’école… La confiance en soi conditionne aussi notre entrée dans le monde au début de l’âge adulte, notre vie professionnelle, notre vie d’époux ou d’épouse et de parents à notre tour. Toute notre vie est conditionnée par la « dose » de confiance qui nous a été insufflé et que nous avons su faire grandir.

Mais revenons au texte. Même s’il n’est pas écrit dans tous les sūtra, śraddhā, transparaît partout. Dès le début : Atha yogānuśasanam.  La confiance dans notre capacité à changer, à nous remettre en question y est présente. Plus loin dans le premier chapitre, il est question de pratique persévérante et de détachement. Si nous n’avons pas confiance dans les bienfaits de notre pratique journalière et confiance dans les changements plus ou moins rapides qu’elle entraine, alors à quoi bon se mettre sur le tapis ? Si nous n’avons pas foi dans le changement profond qui s’opère en nous, que devient le yoga ?

Confiance et foi…

Patañjali nous enseigne dans le chapitre I sūtra 20 que la confiance précède l’énergie et la mémoire, la concentration parfaite et la connaissance[1]. C’est le chemin à suivre pour nous, qui sommes en recherche de paix et de sérénité.

Mais foi en quoi ? En Un plus grand, omniscient, qui transcende le temps et l’espace, que l’on peut invoquer par un mantra sacré. Un puruṣa viśeṣa, une icône, Un au-delà de tout, vers qui nous pourrons toujours nous tourner.

Avoir cette foi, c’est admettre que nous ne sommes pas le centre du monde, mais que nous y participons grandement. Avoir cette foi, c’est comprendre que prakṛti, la matière, est une source inépuisable de chances de grandir, de comprendre qui nous sommes, et de diminuer les causes de nos souffrances.

Martine Duchon

 

[1] Traduction de Bernard BOUANCHAUD Miroir de Soi Editions Āgamāt